Docteure en philosophie, Claire Marin n'a pas son pareil pour faire passer des concepts philosophiques de manière simple et claire. Dans ce documentaire, elle interroge l'idée de la « place » : affective, sociale, géographique, celle que l'on a perdue, celle que l'on craint de perdre. Mais l'homme n'est-il pas dans une perpétuelle dualité, à vouloir à la fois irrésistiblement s'ancrer, et dans le même temps, à avoir besoin de se déraciner, de changer ?
A chaque chapitre l'interrogation qui lui va : quid de la place des exilés, qu'en est-il de celle des personnes en situation de handicap ? Un très beau chapitre est également consacré au changement de place sociale, parfois considéré comme une trahison par ses proches, ou alors nié par ceux qui sont nés à cette place... Mais au fond, la pire place, n'est-ce pas celle qui nous installe dans une certaine définition de soi, dans une forme d'immobilisme et de paralysie qui nous empêche d'évoluer et de reconnaître notre multiplicité intérieure ?
La force de ce documentaire réside dans le fait que l'auteur fait régulièrement appel à des œuvres de fiction contemporaines (Sylvain Prudhomme, Par les routes, ou Maria Pourchet, Feu), pour illustrer son propos. Et puis finalement, être à sa place, n'est-ce pas tout simplement se la créer soi-même afin de l'emporter partout où l'on va ?